Pédagogie

QU’EST-CE LA PEDAGOGIE SUZUKI ?

SUZUKI1La pédagogie Suzuki est une façon d’apprendre la musique inspirée par l’apprentissage de la LANGUE MATERNELLE. L’idée centrale est que le TALENT MUSICAL n’est pas inné, mais se trouve déjà à l’intérieur de CHAQUE ENFANT. Tout comme chaque enfant apprend à parler parfaitement sa langue maternelle, il peut aussi apprendre à jouer parfaitement d’un instrument. Basée sur le mimétisme, la pédagogie Suzuki produit des résultats étonnants, et permet aux enfants de commencer à apprendre un instrument DÈS 3 ANS !
Né au Japon en 1898, Shinichi Suzuki, violoniste et enseignant, a peaufiné sa pédagogie pendant de longues années. Adoptée aujourd’hui par plus de 8.000 professeurs, et pratiquée par plus de 25.000 étudiants à travers le monde, cette pédagogie ne laisse plus personne indifférent.

Voici les LES POINTS CLÉS à retenir :

  • On commence à apprendre à jouer d’un instrument tôt entre 3-5 ans.
  • On écoute beaucoup – la musique en général (classique, mais pas uniquement), et le répertoire suzuki de base en particulier.
  • On apprend à jouer un instrument avant d’apprendre à lire son langage (solfège).
  • On joue de mémoire.
  • Dès le départ, on cherche à produire un beau son.!
  • Les étudiants suzuki apprennent tous le même répertoire de base ; ce répertoire est rejoué régulièrement.
  • L’échange et le partage musicaux sont essentiels : les enfants ont un cours individuel et un cours de groupe par semaine.
  • Les parents s’engagent activement : ils/elles assistent au cours, répètent avec l’enfant à la maison, et motivent l’enfant dans ses progrès.
  • L’environnement pendant les cours, comme à la maison, est positif et propice à l’apprentissage.
  • Les professeurs suzuki suivent une formation intense et approfondi – leur niveau d’enseignement est élevé.

QUI ÉTAIT SHINICHI SUZUKI ?

SUZUKI3Shinichi Suzuki est né en1898 à Nagoya au Japon. Il a grandi entouré de ses 11 frères et soeurs dans une ambiance bien particulière car son père possédait la plus grande usine de violons au monde. L’enfance de Suzuki se passa près des ouvriers, entouré de copeaux et de machines à couper le bois. Il était entendu que les fils Suzuki allait prendre le flambeau de l’usine familial par la suite.
À 17 ans, Suzuki raconte que sa famille avait acquis un gramophone. Pour la première fois les frères et soeurs purent entendre les vrais sons d’un violon. En écoutant l’Ave Maria de Schubert, le jeune Suzuki fut subjugué. Il prit un instrument de l’usine, et essaya de produire les même sons. Il travailla assidûment, continuant ses études du violon ensuite à Tokyo, puis à Berlin. Il n’était plus question de travailler dans l’usine de son père. Shinichi Suzuki voulait se consacrer au violon autrement – en le jouant !

PHOTO EINSTEINSuzuki étudia 8 ans à Berlin sous la direction de Karl Kingler. En plus de ce maître du violon, 2 autres rencontres se relevèrent décisives à Berlin. La première fut avec Albert Einstein que Suzuki avait l’habitude de fréquenter lors de certaines soirées musicales (Einstein était un violoniste accompli). Et la deuxième fut avec Waltraud Prange qui devint sa femme. Pendant les quelques 70 années de leur vie commune, Waltraud épaula Suzuki, dactylographiant ses textes, organisant ses rendez-vous, et le soutenant dans l’ombre.

En 1928, de retour au Japon avec sa nouvelle femme, Suzuki donna des concerts et tint divers postes d’enseignement. Mais très rapidement il commença à réfléchir à une nouvelle méthode d’enseignement de la musique. Suzuki avait été frappé par un fait tout simple : « Chaque enfant japonais, quel qu’il soit, parle sans peine japonais. Ne montre-t-il pas un talent prodigieux ?
Comment, et par quelles voies, cela se produit-il ? » (Vivre c’est aimer, p.9) Décidant que ces capacités innées d’un enfant à apprendre sa langue maternelle sont directement liés à ses capacités pour apprendre la musique, Suzuki fonda son première « Institut de l’éducation du talent » dans les années 60 au Japon. Cet endroit lui permit d’expérimenter et d’approfondir ses recherches. Et en même temps, débuta une série d’échanges entre musiciens curieux venus de l’Occident. Les premiers adeptes de la pédagogie suzuki retournèrent chez eux, d’abord aux USA dans les années 60, puis en Europe dans les années 70. En 1978, Judy Weigert et Christophe Bossaut (récemment diplômés par Dr. Suzuki au Japon), donnèrent leurs premiers cours à 40 élèves à Lyon selon la pédagogie suzuki. Le succès fut immédiat. La création de L’Ecole de Musique Suzuki de Lyon suivit en 1979. En France, comme partout dans le monde, l’intérêt des gens pour la pédagogie suzuki, était en marche.
Dr. Suzuki est décédé à Matsumoto paisiblement le 26 janvier 1998, à presque 100 ans. Sa femme Waltraud décéda à son tour 2 ans plus tard.

LE TRIANGLE ENFANT-PARENT-PROFESSEUR

violon-sarlat-triangle-enfant-parent-professeur
Un des préceptes fondamentaux de la pédagogie suzuki est le triangle enfant-parent-professeur.
Là où l’enseignement classique interdit souvent le parent de suivre les cours des enfants, l’enseignement suzuki l’encourage et même l’exige pour les enfants en bas âge. Après tout, un enfant de 3 ans ne peut pas travailler seul son violon à la maison – il ou elle a besoin d’être accompagné ! C’est la responsabilité du parent de suivre les cours, de noter les consignes du professeur, et puis de travailler avec son enfant à la maison de façon régulier. C’est le parent qui mettra le CD (ou MP3) en place pour que l’enfant l’écoute régulièrement. Et c’est le parent qui s’émerveillera des progrès de l’enfant – et l’encouragera dans une attitude positive.
Le triangle suzuki s’étend aussi au professeur. Le professeur s’engage à bien respecter le parent, d’expliquer clairement les consignes à travailler, et de répondre à ses difficultés – car il y en a toujours ! Le professeur respecte également l’enfant en tant qu’individu unique.
De son côté, l’enfant s’engage à respecter son professeur pendant le temps du cours, à écouter ses consignes, et à avoir confiance en ses propositions. L’enfant s’engage également auprès de ses parents. Parent et enfant avance à deux à la maison dans une complicité toujours enrichissante.

LE SOLFÈGE : OUI, MAIS PLUS TARD

Shinichi Suzuki avait observait que l’enfant apprend à parler avant d’apprendre à lire. Pour lui, la même logique s’appliquait à la musique. Un enfant apprend beaucoup plus facilement à jouer d’un instrument d’abord, et de lire son langage par la suite. (Surtout les enfants de 3-5 ans qui ne lisent pas encore leur ABC !) Trop d’enfants ont fait la douloureuse expérience des méthodes traditionnelles d’apprentissage de la musique où, dégoutés par la difficulté du solfège, ils abandonnent la musique en cours de route pour toujours. La pédagogie suzuki introduit le solfège progressivement, une fois que l’enfant à maîtrisé les bases de son instrument.